Comité de Bridge Charentes-Poitou-Vendée

Le bridge est un jeu d’erreurs…

(Extraits de l'excellent livre de Patrick Burtin « Devenez 1ère série »)

Les joueurs ont trop tendance à croire qu’ils peuvent, à eux seuls, gagner ! Il n’en est rien ! Les seules choses que l’on puisse faire sont :Essayer de ne pas perdre. Essayer de faire perdre l’adversaire. Cette distinction, qui peut paraître purement sémantique, est en réalité essentielle pour comprendre comment progresser, car elle  correspond à un des principes fondamentaux du jeu.
Faisons un parallèle avec le tennis. Lorsque l’on joue au tennis, il y a schématiquement 2 façons de gagner :
- Faire des points gagnants : c’est à dire mettre la balle suffisamment hors de portée de l’ adversaire pour qu’il ne puisse la renvoyer. ( Ex : Mac Enroe )
- Bénéficier des erreurs de l’adversaire : c’est à dire faire un nombre de fautes inférieur à celui de l’adversaire. ( Ex : Bjorn Borg ).

Au bridge, la logique est totalement différente : le bridge est un jeu d’erreurs, et l’essence même du jeu est d’éviter les erreurs ou d’en faire moins que les adversaires. Une donne de bridge est un élément fini, une construction mathématique qui consiste à répartir 52 éléments en 4 paquets distincts. Cette construction détermine l’emplacement des cartes et permet d’ établir le score théorique de la donne. Le « par ». Pour chaque donne il existe un ou plusieurs autres contrats gagnants, une meilleure ligne de jeu, une meilleure défense, une mauvaise ou une meilleure entame… quand ce n’ est pas une entame de « fakir » !

On peut déterminer, avant que la donne ne soit jouée, si c’est le camp N – S ou le camp E – O qui doit, en théorie, scorer et combien. Mais beaucoup d’éléments vont intervenir avant la fin de la donne ! Et tout ce qui dévie du « par » de la donne peut être considéré comme une erreur. C’est là toute la différence entre le bridge et le tennis ! Au tennis, chaque match, chaque set, chaque jeu, chaque coup… n’est pas déterminé ! On ne peut savoir ni prévoir comment la partie va se dérouler !
Alors qu’au bridge, chaque donne est déterminée et l’on ne peut faire que des erreurs par rapport au maximum théorique. Cet aspect totalement déterministe est l’essence même du jeu : s’éloigner le moins possible du résultat maximum théorique et donc, éviter les erreurs.
On remarquera quand même que si le nombre de coups et de situations possibles peut paraître infini, le nombre de mains est totalement fini ! 635 013 559 600 … quand même…Certes, il existe des coups exceptionnels, brillants même ! Mais on ne sort pas vainqueur d’un match en ayant réalisé des coups spectaculaires ! Ils sont trop rares !
On domine l’adversaire en faisant moins de fautes que lui ou en lui faisant faire plus de fautes que soi. En ce sens, on ne gagne pas un match, on évite de le perdre !L’essence du jeu est de se rapprocher du « par ». Pour cela, on retrouve, à travers une dialectique entre l’attaque et la défense, les 2 grands types de stratégie : provoquer les fautes de l’ adversaire ( attaque ) et minimiser ses propres fautes ( défense ). La stratégie à mettre en œuvre dépendra de plusieurs éléments et notamment de la forme de bridge pratiqué…
En T.P.P., certains vont chercher les tops, d’autres évitent de prendre des bulles…En 4, il ne faut surtout pas empailler de manche et il faut prendre tous les risques pour essayer de faire chuter l’adversaire au risque de donner une levée de plus, ce qui n’a guère d’ incidence sur le score. Un vieux joueur de tarot de mes amis avait coutume de dire quand un de nous, à la table, avait commis une erreur : « Le jeu ne demande que fautes ! »
Certains de nos plus grands champions ont dérapé quelquefois de façon spectaculaire ! C’est, somme toute, assez encourageant en ce qui nous concerne ! Car, nous ne sommes pas les seuls à commettre des erreurs ! Mais eux… évidemment, beaucoup moins souvent que nous !