Comité de Bridge Charentes-Poitou-Vendée

Au fait, vous les connaissez bien ?

Peu de joueurs ont laissé leur nom pour l’ invention d’ une méthode ou d’ une convention ! Une bonne vingtaine, tout au plus ! Il serait bon, j’ estime, que les bridgeurs se penchent un peu sur le curriculum vite de ces précurseurs qui ont réussi à améliorer nos enchères ou notre jeu de la carte ! Je suis allé souvent à Vichy pour le tournoi de la Pentecôte ! 1^ère série, j’ ai souvent débuté contre des champions.

Plusieurs fois, mon partenaire et moi avons commencé contre J.M. Roudinesco. Il était plus que sponsorisé par la richissime Mme Laniel avec laquelle il vivait. Mais il devait insister pour qu’ elle lui donne un peu d’ argent de poche pour ses cigarettes ! Et elle ne lui donnait un ou deux billets qu’ au compte-goutte de peur qu’ il les joue au P.M.U. ! ! ! En attendant le début du tournoi, j’ ai donc pu discuter souvent avec lui. Un samedi, avant le commencement de l’ Open, il me narra une anecdote savoureuse. La veille, lors du mixte, après la séquence 1  - 1 - 1SA - 2 de ses adversaires, une joueuse alerta cette dernière enchère, et, sur la demande de Roudinesco, expliqua : « Nous jouons le 2 Roudi, mais amélioré » ! Elle ne connaissait pas notre grand maître !

Qui a donné son nom à d’ autres conventions comme « le SA comic »… Mais qui a écrit surtout des ouvrages « référence » dont le plus complet et le plus important traite du maniement des couleurs. Hélas accessible seulement à ceux qui possèdent un niveau assez pointu en mathématiques ! Une autre fois, l’ arbitre, I. de Hérédia, à la première donne du tournoi, proposa à une très jolie femme qui voulait kibbitzer un « grand » joueur de s’ asseoir entre Roudinesco et moi. Mais, pressé et très occupé par la mise en place, il ne prit pas garde de l’ orientation. Je me trouvais en Sud, et la brave dame me regarda jouer pendant toute la séance ! Evidemment, vous pourriez vous en douter, jamais, avec mon partenaire, nous avions aussi mal joué !

Dans le fond… cette bridgeuse dut avoir une révélation ! Si des champions jouaient de cette façon, après tout… elle dut penser que son niveau n’ était pas si mauvais que cela ! Quand je joue sur B.B.O., je regarde la fiche de mon partenaire… Qu’ il soit « avancé » ou même « expert », je suis toujours étonné, en moyenne une fois sur deux,  qu’ il défausse « Léventhal » ! Je le laisse en général dans son  ignorance ou son erreur ! Mais, ça me démange de lui dire que Hy Lavinthal est né en 1894. C’ était un petit boutiquier installé dans l’ Ouest de New York. Il atteignit un excellent niveau dès l’ âge de 20 ans et termina sur le podium du championnat des U.S.A. dès 1920. Il élabora sa théorie de défausse en 1934.

Mais le plus célèbre de tous est, sans conteste, Easley Rutland Blackwood ! ( 25 juin 1903 – 27 mars 1992 ). Natif de Birmingham ( Alabama ), il résida presque toute sa vie à Indianapolis ( Indiana ). Il est mondialement connu pour la convention de 4SA, appel aux As, qu’ il  inventa en 1933.

Eddy Kantar, qui a donné lui aussi son nom à 2 ou 3 conventions, a, dans un excellent livre très complet, répertorié les nombreuses variantes de cette enchère de 4SA pratiquée dans le monde entier ! On a calculé que, rien qu’ aux U.S.A., si Easley Blackwood avait perçu un cent américain à chaque fois qu’ un bridgeur utilisait sa convention, il aurait été au moins 2 fois milliardaire en dollars ! Il a écrit de nombreux ouvrages sur le bridge de 1949 à 1983, mais je crois bien que pas un seul d’ entre eux n’ a été traduit en Français… Sa carrière de joueur fut moins impressionnante. Il gagna quand même 2 titres majeurs aux U.S.A. en 1944 et 1962.